Christian Astuguevieille
Photographie Lili Barbery-Coulon

Christian Astuguevieille

Christian Astuguevieille

Photographies lili barbery-coulon. En haut Christian Astuguevieille dans son bureau, en bas la galerie où l’on trouve ses meubles en corde

J’ai des trésors dans mon ordinateur. Des interviews qui sommeillent et que je me promets de vous livrer chaque semaine. Et puis, je suis rattrapée par le quotidien, mon travail au magazine M et le reste. Celle-ci, j’y tiens tout particulièrement mais elle n’a pas cessé d’être reportée pour des raisons variées. Je suis extrêmement admirative des parfums Comme des Garçons. J’ai souvent interrogé Christian Astuguevieille, l’artiste qui les conceptualise avec Rei Kawakubo, la créatrice de la marque japonaise, mais je n’avais jamais eu l’occasion de le rencontrer. Il a accepté de me recevoir en janvier 2013. Et cette rencontre m’a tellement enthousiasmée que j’ai envoyé mes images à Todd Selby. Le photographe américain collabore régulièrement avec M le magazine du Monde et il cherchait l’an dernier à découvrir des ateliers de création à Paris. Todd Selby a visiblement était séduit autant que moi puisqu’il a inclus Christian Astuguevieille dans son tout dernier livre, lancé chez Colette à Paris, hier après-midi. Du coup, je ne savais plus bien quoi faire de mes photographies et de cette longue discussion avec Christian Astuguevielle. J’ai souhaité la publier au moment de l’exposition éponyme qui lui était consacrée au printemps 2013 au musée La Piscine de Roubaix. Mais je me suis laissée déborder. Ainsi, cet entretien est devenu une Arlésienne dans mon ordinateur. Pourtant, elle a toute sa place dans ma rubrique In The Lab (qui, je rappelle aux nouveaux lecteurs, consiste à questionner les créateurs de parfums dans leur espace de travail). Enjoy…

 

Photographie lili barbery-coulon. Objets et meubles en corde de Christian Astuguevieille

Nous sommes ici dans votre galerie, entourés de vos meubles et de vos sculptures en corde. Comment cette activité vous a-t-elle mené au parfum ?

Christian Astuguevieille : Je suis pédagogue de formation, j’ai toujours été intéressé par le sensoriel, d’où l’importance du toucher dans mes créations. J’ai une formation artistique et j’aime bien faire des choses très différentes. Vous voyez ici mes sculptures en corde que j’utilise depuis 1987. J’ai aussi fait de grands totems pour Comme des Garçons. Je suis artiste résident chez Petit H pour Hermès. Je fabrique des bijoux, je vous montrerai quelques collections à l’étage quand nous irons dans mon bureau. Le parfum est arrivé par hasard dans ma vie.

Par hasard, c’est à dire ?

C.A : Je connaissais quelqu’un qui m’a fait entrer chez Molinard en 1974. Le propriétaire voulait tout changer. Le concept, la boutique. C’était une marque très ancienne, datant de 1849, ils avaient une boutique à Paris, à l’angle de la rue Royale et de la rue Saint Honoré. J’étais un môme à cette époque, j’avais envie d’aller voir, de comprendre la marque, de sniffer, d’aller fouiller dans les archives. En découvrant le parfum Habanita, j’ai eu envie de restituer la parfumerie à l’espagnole. Chez Molinard, je suis resté 5 ou 6 ans et j’ai beaucoup appris sur les produits à la rose, ceux à l’œillet. Bien avant le boom de la bougie parfumée, on proposait des brûle-parfums électriques, du parfum pour la maison. C’est d’ailleurs ce qui a retenu l’attention de la marque Rochas, chez qui je suis ensuite parti travailler. Je suis devenu Directeur Artistique de cette maison et j’y suis resté pendant 11 ans.


Photographie lili barbery-coulon. Le bureau de Christian Astuguevieille avec les échantillons de parfums

Et vous avez aussi travaillé sur la création des parfums Rochas lorsque vous y étiez ?

C.A :J’étais chez eux lorsque Byzance et l’Eau de Rochas pour Homme ont été lancés. J’ai participé à la création de la campagne publicitaire, du flacon, de l’environnement du parfum. Je travaillais sur la cohérence de tous ces domaines. Ensuite j’ai rejoint la maison Nina Ricci. Je me souviens encore du lancement presse de Deci Delà. On avait organisé une visite de la magnifique salle de conditionnement à côté de Fontainebleau. On avait organisé des jeux pour les journalistes avec un parcours tactile, c’était une usine très ludique, pensée par Robert Ricci. A cette époque, on ne se prenait pas au sérieux. Je suis resté six ans chez Nina Ricci, j’étais directeur artistique des accessoires.

Mais avant d’entrer dans ces maisons qui fabriquaient du parfum, est ce que l’olfaction était un sens important pour vous?

C.A: Non le parfum est arrivé grâce à Molinard, à une époque où je faisais un travail sensoriel avec les enfants à Beaubourg. J’étais en train de préparer le deuxième volet de cette exposition dédiée à l’éveil des sens. Nous avions l’intention de faire découvrir deux ou trois ans plus tard des senteurs aux enfants et au public. J’ai travaillé avec le parfumeur Jean Laporte pour faire une promenade dans un jardin avec uniquement des senteurs. Je voulais ensuite que les enfants inventent le jardin en fonction de ce qu’ils auraient senti en le peignant. J’ai aussi travaillé pendant une année scolaire à Beaubourg sur un concept que j’appelle Robinson Crusoé : Imaginons que nous sommes sur une île déserte, il y fait tel climat, on peut y rencontrer tel animal, y sentir telle fleur et des choses bizarres à manger. A Beaubourg, nous donnions ces détonateurs sensoriels et on faisait le constat de l’état émotionnel. Comment allons-nous vivre? Comment allons-nous nous nourrir? Comment allons-nous communiquer? J’exigeais qu’on n’utilise aucun mot de notre langue mais qu’on invente un nouveau langage en décidant de définitions de l’alphabet avec des couleurs. Je divisais alors le groupe d’enfants en deux. Chaque groupe se faisait des coiffes pour échanger des mots. Trois ans plus tard, je suis allé à Bornéo. J’ai découvert que dans certains vallées, les gens communiquent en juxtaposant des pétales de fleurs. Au fond, je suis de Bornéo sans le savoir (NDLR: sourires).


Photographies lili barbery-coulon. Les objets créés par Christian Astuguevieille

Comment avez-vous rencontré Rei Kawakubo, la créatrice de Comme des Garçons ?

C.A: Lorsque j’étais chez Rochas, je voyageais pour aller voir des nouveaux concepts à travers le monde. Au Japon, je voulais voir de nouvelles choses, m’oxygéner la tête. C’est alors que j’ai eu l’occasion de rencontrer Rei Kawakubo. Elle connaissait mon travail, mes vases et m’a demandé si je voulais travailler sur une installation. Il fallait revenir le lendemain avec une idée. Je suis donc revenu le lendemain. Elle a adoré. Il fallait tout installer le 12 juillet à Tokyo, préparer douze pièces en un temps très limité. On a fini à vingt-quatre pièces. On avait fait une installation avec une vitrine en tissu noir, les arbres étaient entourés de gaze noire…

Et ensuite, elle vous a demandé de conceptualiser ses parfums?

C.A: C’était un test. Une mise à l’épreuve. Un jeu. Pour le premier, Rei a dessiné le flacon. Elle voulait absolument un col décalé. Il fallait respecter son envie. Mais elle avait décidé qu’à partir du moment où elle me donnait la parole, alors elle écoutait. Le plus amusant est de créer des briefs pour les parfumeurs avec qui nous travaillons. Par exemple, je peux leur dire: “ Nous sommes au bord d’une piscine noire. Très noire. Vous êtes conquis. Vous adorez”. Faire un parfum aussi addictif qu’une piscine noire. Mais on a fait aussi avec Odeur 71, ce qu’on voulait être un “anti-parfum”. Rei m’avait seulement dit “Réussissez”. Alors j’ai donné rendez-vous aux parfumeurs dans leurs bureaux à 18h. Ils étaient réunis dans une salle. Je leur ai demandé qu’on aille ensemble jusqu’à la photocopieuse. Et je leur ai dit: “Vous voyez là, on sent l’odeur que je cherche. Un outil de notre époque qui a surchauffait tout au long de la journée”. Pour eux, c’était comme une récréation, c’était joyeux et ça s’est fait assez vite. Je me souviens que lorsqu’on créait Odeur 53, je leur répétais “C’est trop beau, il faut que ce soit un peu plus cassé”. Les parfumeurs n’en revenaient pas.


Photographie lili barbery-coulon

Pourquoi l’avoir nommé Odeur 53?

C.A: Je voulais le mot odeur. Car je pensais au mot qui décrit une très bonne odeur de cuisine. je ne voulais pas que le mot évoque un parfum.  Le travail moléculaire d’un parfum est très différent. Pour moi, Odeur 53, c’est très différent de tout ce qui existait en parfumerie. Je suis peut être égomaniaque (NDLR: rires).

Quelle différence faites-vous entre l’odeur et le parfum ?

C.A : Je suis arrivé à un moment de mon travail où je n’ai plus à faire cette différence, où il n’y a plus ce passage : tout est odeur, tout est parfum. C’est logique. Il faut se servir et se desservir de la fausse et de la soit disant bonne culture olfactive des gens. Il faut jouer avec leurs aprioris, amalgamer, essayer avec autre chose, casser leurs certitudes sensorielles, les emmener ailleurs. C’est une chose qui est induite dans mon travail.

La série « Synthetic » de Comme des Garçons a beaucoup choqué, comment en avez-vous eu l’idée ?

C.A: On avait fait la série Leaves, L’Encens, la série Red. J’ai proposé de faire une série folle. Rei Kawakubo a dit « Oui allez-y ». C’était entre deux périodes de collection et j’ai eu envie d’abord d’une chose amusante, d’une odeur de garage, je l’ai proposé au parfumeur Nathalie Feisthauer qui a très vite sorti le garage qui était pile “le garage”. Et puis on voulait aussi l’odeur du cachet effervescent lorsqu’on est juste au dessus d’un verre, celle de la teinturerie. Tout ça est né très vite, c’était frais, c’était nouveau, il n’y avait pas à plaire à la femme de 35 ans. Rei est rentrée à Paris, je lui ai fait sentir, on a décidé dans l’heure de ce qu’on sortait. La série Synthetic a été aussi spontanée que cela.

Photographie lili barbery-coulon. Dans le bureau de Christian Astuguevieille

Il y a des projets plus difficiles ?

C.A : Oui. 888 a été difficile. Odeur 53 a été compliquée aussi car on voulait être différent. Je ne sais pas si on a réussi mais c’était notre souhait. Vous voyez, le cheminement de la création, c’est une histoire de mot. Un jour, le parfumeur Antoine Maisondieu est venu car je voulais travailler sur de l’ylang ylang. Je lui ai dit « vous êtes trop raisonnable, il faut faire quelque chose de beaucoup plus fou. L’ylang ylang c’est assez animal, cassons-le, mettez moi une odeur de dentifrice dans tout ça, quelque chose de très frais. Un ylang ylang qu’on n’aurait jamais senti ». Il m’a regardé avec un sourire jusqu’aux oreilles et m’a répondu : « Je cours le faire ».

Nicher du dentifrice au cœur d’une fleur d’ylang ylang illustre assez bien votre rôle dans la conception des parfums, n’est-ce pas ?

C.A : Je pense que le métier de parfumeur a beaucoup bougé depuis quelques années. On leur demande de la vitesse, de la rapidité, de toucher le public… Moi je préfère instaurer un dialogue. Je prends toujours des précautions oratoires, en disant « c’est peut être une folie mais… », ce qui me permet de l’emmener ailleurs. Parce que le dentifrice sur l’ylang ylang, c’est juste une ouverture qui va nous permettre d’aller plus loin. Et c’est pour ça que j’aime les parfumeurs, c’est pour ça que j’aime travailler avec les mêmes. L’important, ce sont les mots : si je dis jaune à un parfumeur que je connais, il sait ce que je signifie, alors que si c’est un autre, il ne le saura pas. Donc, il est important qu’on ait ces ponts très rapides pour dialoguer. Et je veux qu’ils se sentent libres, je veux qu’ils aillent au bout de leur audace, je leur dis toujours : « Il sera toujours temps de redevenir raisonnable ». Je ne sais plus où j’ai lu ça, à une époque où je travaillais avec la société de parfums Symrise et le parfumeur Bertrand Duchaufour qui en faisait encore partie. J’ai lu dans une interview qu’il a donnée : « C’est avec Christian que j’ai appris à être libre ». A l’époque, il nous a fait pour la série Leaves une menthe, mais une menthe que je trouve formidable, une menthe de ruisseau, je n’arrêtais pas de lui dire que je la voulais encore plus fraîche alors que personne ne voulait de cette note. Il l’a faite parce qu’il se sentait libre.


Photographie lili barbery-coulon

C’est difficile aujourd’hui pour un parfumeur de libérer sa créativité ?

C.A : Ils sont habitués à être testés à longueur d’année par la plupart des marques. Je dine de temps en temps avec eux donc j’apprends comment ça se passe pour eux, ailleurs. Ils se retrouvent parfois devant une fille en début de carrière dans une grande maison qu’on ne citera pas. Ils présentent à plusieurs parfumeurs 17 senteurs. La fille n’a jamais appris à sentir et elle leur dit froidement « Non je n’aime rien ». Quand vous avez bossé, que chacun a sorti deux ou trois idées, qu’on s’est donné du mal, entendre « je n’aime rien », c’est terrible. Moi, je ne pourrais jamais faire une chose pareille. Je peux dire « trop sale », « trop propre », « rajoute ça ». Mais il est hors de question, dans une séance de soumission de parfum, de se contenter d’un « non ». Il faut parler autour. Essayer d’aller à l’endroit où on voulait aller. Je dirais même : à l’endroit où je ne savais même pas qu’on irait. Tout à coup, l’audace est communicative : ma folie couplée à leur culture olfactive peut mener à une audace qu’on n’avait pas soupçonnée. Comme lorsqu’on dit au parfumeur Nathalie Feisthauer « fais un garage ». Elle nous a sorti un garage rêvé. Il n’y a pas de voiture moderne là-dedans. Et puis, au bout de 25 à 30 minutes lorsque vous portez garage, il devient très beau. Parce qu’au fond, si vous allez diner chez des gens et que vous êtes à côté de quelqu’un et que vous lui dites « Tiens c’est curieux ton parfum, qu’est-ce que c’est ? » et qu’il vous répond : « Je porte Garage », ça fait la conversation pour la soirée.  Et de quoi a-t-on envie aujourd’hui ? D’être différent, d’être surprenant, vous ne trouvez pas ? On a en sans doute toujours eu envie mais encore plus aujourd’hui, non ? Et puis, quand on travaille pour une marque aussi différente, aussi étonnante que Comme des Garçons, il faut essayer d’être proche de tout ça. D’être cohérent. Essayer d’être différent… Ce qui m’a valu le plus beau compliment de la part de Rei Kawakubo qui m’a dit un jour « Mais vous êtes fou ! ». Venant d’elle, ça me va parfaitement.

Comment est ce que vous communiquez avec Rei Kawakubo dont on parle souvent comme d’un personnage mutique et énigmatique ?

C.A : Elle sent très bien Rei Kawakubo, elle sent impeccablement, très instinctivement. Elle va tout de suite dire ce qui ne va pas. Comme un arrêt sur image. Je la vois surtout à Paris, pendant les défilés. Mais j’ai une toute petite anecdote qui illustre assez bien nos rapports. C’était il y a quelques années, Adrian son mari m’appelle et me dit : « Rei voudrait que tu fasses des chapeaux en papier. C’est urgent. C’est pour le défilé, c’est dans 5 jours. » Vous aurez compris que c’est toujours très urgent. « Trouve des idées. De nouvelles idées » me dit-il. Je rentre, je travaille avec mon assistante. On fait des trucs d’un chiant… Je mets tout à la poubelle. Et tout à coup, je regarde la corbeille à papier et je vois une idée : « Mais il est bien le chapeau, là dans la corbeille à papier ! » Je renverse la corbeille à papier sur la tête de mon assistante, on scotche tout, on colle tout comme on peut et j’annonce : « C’est la meilleure idée, j’en présenterai deux autres mais celle-ci est la meilleure ! ». Rei débarque de Tokyo peu après. On m’appelle et on me demande de venir dans les dix minutes. J’arrive avec un sac poubelle duquel je sors le chapeau. On le met sur la tête de quelqu’un. Rei se met à hurler de rire. Elle appelle son assistante qui apporte à son tour un sac poubelle et en sort le chapeau que Rei avait mis au point à Tokyo : Rei avait fait la même chose que moi. Avouez que c’est formidable, non ? Notre cheminement a sans doute était différent mais le résultat a était le même.


Photographie lili barbery-coulon. L’un des nombreux bijoux créés par Christian Astuguevieille

Qu’est-ce qui rythme la sortie des parfums ?

C.A : On est dans une maison de mode qui présente de nouvelles collections plusieurs fois dans l’année.  Il est donc normal de proposer plusieurs créations olfactives. Tout se détermine avec l’envie et les collaborations. Et puis si le projet est prêt, je le présente à Rei quand elle vient du Japon et alors tout peut basculer. Par exemple, mon ylang ylang au dentifrice, s’il est prêt en mars, je lui glisserai entre deux trucs et je lui demanderai ce qu’elle en pense. Si elle s’enthousiasme, notre planning prévu pour les deux prochaines années à venir s’écroule mais tant pis, on le réorganise. Si on arrive avec une beauté, un truc qui décoiffe tout, il faut alors tout remettre en question. Nous avons cette liberté, nous devons la respecter, la tenir, l’encourager.

Avez vous des matières premières fétiches, des notes qui vous fascinent plus que d’autres ?

C.A : Il y a des choses qui me font immédiatement un effet négatif : toutes les notes d’ordre animal. Vous allez me dire : qu’est ce qu’il est en train de foutre avec de l’ylang ylang qui a une facette si animale ? (NDLR : sourires) Il m’arrive de me forcer un peu. Parce qu’en me forçant, je peux me laisser surprendre. Il est clair que j’adore le vétiver, j’adore aussi les bois et j’aime l’encens. Le patchouli aussi bien sûr. J’aime les surprises. Quant à Rei, elle n’aime pas tellement les parfums des fleurs.

Il y a pourtant un sublime muguet, LiLy, dans la collection Leaves ?

C.A : Oui (NDLR : sourires), magnifique. Mais quand je l’ai fait sentir à Rei Kawakubo, je lui ai parlé du vert de la feuille de muguet, pas des clochettes blanches, ça ne lui aurait pas plu. Il faut parfois ruser un peu (NDLR : rire).

Photographie lili barbery-coulon